La charogne c’est que dalle ! C’est rien ! Ce que je souhaite, c’est reconquérir l’estime ! Ma propre estime… ! Une place dans mon cœur et dans mon corps. Je ne suis pas très modeste ? Et puis ? C’est pas la modestie qui gagne en général ! C’est le fantoche tout con !… La vérité n’a plus cours… Je veux un gros morceau de vent plein de phrases, voilà qui fait éclore le monde, pousse la barque. Oh ! Faut que je me hâte bordel ! Je veux pas crever puant et lâche de n’être que moi-même… puant de l’âme !

Aucun voyage, aucune fuite ne me révèle à moi-même. L’astuce est là pourtant, en moi, et je ne sais pas comment y entrer. J’ai toujours voulu comprendre, toujours ! Acharné de l’explication. L’atroce vérité c’est qu’il n’y a rien à comprendre. Peut-être que quand on a compris et accepté ça, c’est un réel soulagement ?! C’est mon petit Hiroshima intime…

J’ai mal au corps. J’ai mal à l’âme. Je voudrais me vomir une fois pour toutes ! Être capable de s’imposer à soi. Être vertical. Avoir le temps de devenir un meilleur humain. Je vis l’exil permanent, avec un forte attirance furieuse pour la disparition. Je voudrais ne pas penser à mon chagrin, seulement à celui que je fais ! Savoir lire la vie c’est un paysage qui recommence, à condition de savoir déchiffrer les signes. Dans chaque bonhomme y a un secret !

Des bouts de santé qui foutent le camp. En permanence… Il y a deux jours c’est un téléphone de mort qui sonne. Mauvais oiseau ! Ce vieux bougre de Stéphane, mon vieux pote d’hôpital a décidé de mettre fin à toutes respirations possible. C’est pas faute d’avoir essayé pourtant, mais quand on a un flingue chargée dans son placard… bon ! Le geste est à porté de main… Adieu salaud ! Tu vas manquer ! Maintenant, il s’agit de rester et d’être au mieux avec la mémoire. Noir et blanc, en couleur… selon le bouleversement !

C’est une fatigue qui n’a pas de nom, celle qui tient de l’angoisse. Sans doute qu’il faudrait dormir, redevenir un homme comme un autre. Trop fatigué pour avoir même l’élan de se tuer. Tout est fatigue. Je ne sais pas quoi penser moi. Pas en état de réfléchir trop fort. Ca me tracasse salement tout de même, l’horreur où je me trouve, en plus du bruit de tempête que je promène… Je sens que de la vie il en reste encore beaucoup en dedans. Elle se défend. Ca brille pas fort l’espérance, une maigre lumière au fin bout d’un infini corridor hostile. Il y a les échos d’une fanfare particulière dans la tête. C’est violent, mais c’est énorme la vie quand-même. On se perd partout.

Et la mémoire, faut se méfier ! C’est méchant le passé. Un peu putain. Ca fond dans une rêvasserie. Ca prend de petites mélodies qu’on lui demandait pas. Ca revient tout maquillé de pleurs et de remords. C’est pas sérieux ! Il faudrait que je trouve un petit quelque-chose bien délirant pour compenser tout le chagrin d’être pour toujours enfermé dans ma tête…

Rien ne m’enivre comme de forts désastres. Je me saoule facilement aux malheurs, sans le chercher, il m’arrive comme ça, en invité, avec toutes sortes de droits… Ca fini toujours à l’hôpital. Sérieusement, il faut avouer, un mois, deux, trois peut-être plus encore, pour vous c’est rien : vous êtes dehors ! C’est l’alcool divin que d’être dehors ! Quelle fatigue que cette vie à devoir reconquérir chaque jour, encore et encore, le peu qu’il reste de magie…

Je ne sais plus être amoureux, je ne sais plus être serein, léger. Je fracasse ma vie, mes sentiments. Je voulais me venger de moi-même. De cette pute de maladie qui me bouffe. Au final, je suis le pyromane de mon âme. J’ai perdu des bouts magnifiques de vie. J’ai fui la ronde des sentiments. Un con, un véritable con !