Promenade océanique, au frais, dans le soleil.
Le grand bleu qui
remue sa marée, il est à moi. J’ai du varech plein les poumons. Les
lèvres vaguement salées. Le soleil qui m’arrose la gueule. Le vent, et
puis tout, et puis tout encore... c’est à moi !
Rien, que j’en laisse.
L’horizon, tout, de-là à de là-bas, c’est pour ma frime ! Même, voyez,
le petit bateau blanc, là-bas ? Berceuse ! Loin, tout loin. C’est à moi
itou.
Je ronronne ! Enfin !
Si seulement ça pouvait se mettre en flacon,
des moments comme ça.
Coup de pied dans les coquillages.
Coup de pied dans le souvenir de ce
médecin qui est passé ce matin.
Inconnu. Gros con. Gris comme sa blouse
blanche. Il déboule. Fracas, à son aise. Médecin, tu parles !
Croque-mort ! Sinistre ! T’es juste enrhumé. Lui, il a la gueule du gars
qui veut savoir de quoi t'es mort. Déjà il cherche l'étiquette, sur le
gros orteil.
- Comment il va ?
Pas un oeil sur le lit... j’attendais les
condoléances.
- Il va... heu... Demandez-lui ?!
- Bon, bonne journée.
Et il se casse. Comme ça. Médecin... mes deux ouaip ! Ça me chauffe.
Mon squelette
fait dodo. Paisible, bercé par des tentacules de perfusions. J’en profite. Vite,
vite, au frais. A l’embellie. Vite. L’océan est à deux kilomètre. Du
souffle !