Ce matin, le ciel s’est levé après moi, et, pour se rattraper, il pleut ! Je n’arrive plus à penser, plus à écrire. Je suis là, vide. J’en baverais. Plus rien à causer, parce qu’au fond il n’arrive plus rien. Plus ahuri encore que d’habitude. De quoi dégoûter l’existence…
De penser, même un bout, il faut que je m’y reprenne à plusieurs fois. Comme pour parler. Un éclat de pensée à la fois, un mot, l’un après l’autre. Ça fatigue tant ! C’est un exercice qui demande de l’entraînement. Il y a tellement de bruit autour. Sans cesse. Un tumulte, un vacarme, un ouragan intérieur. Infini. Éternel qui rêve d’évasion. J’apprends à faire des choses doucement, avec des petits morceaux arraché au bruit qui ne finit jamais.
La solitude absolue de la pure solitude… Ça frôle la colère parfois ! Je voudrais la paix et le silence de ma colère ! Fatigué de ces inutiles détours par les champs carbonisés de ma mémoire. Je suis tout entier plus éparpillé qu’un feu d’artifice…
Il y a des jours ou des bouts de santé foutent le camp. Les nuits sont longues, insensées. Les petits matins terribles. Les journées infinies, cruelles, démesurées et féroces. Dès que la tête se met à piétiner, à se chercher des raisons sérieuses de vivre… je m’enfonce dans de mauvais fiels. Il y a des jours, je crois, que j’étais quelqu’un, quand même malgré tout, aujourd’hui, hier, demain, toujours… où suis-je ?!
A cause de ce que grâce au ciel
Sur lequel après quant à moi
Sauf que malgré tout et puisqu’elle
A peu près et bien au-delà
Je t’aime
A cause de ce que même alors
Suivant quoiqu’il en soit selon
Contre pourtant et par encore
Dans toujours déjà environ
Je t’aime
A cause de surtout donc ou presque
Et parce qu’à jamais plutôt
Mais parfois plus ou moins avec
Pour jusqu’à ce dont aussitôt
Je t’aime
Sa platitude à soi, sans horizon, sans une seule montagne, sans un putain d’océan… juste un abîme malade, exténué du vivant ! L’humanité qui se perd dans des replis lointains. Si vague, si étrangers, si écarté qu’on ne peut plus penser à rien. Avec seulement du silence pour combler les secondes… Et pourtant, s’acharner à croire qu’on a encore des nébuleuses à portée de la main…
J’ai le sentiment que de la vie il m’en reste encore beaucoup en dedans. Qu’elle se défend pour ainsi dire. Ce sont des petits riens, comme ça, en passant, ça me dit quelque chose. Des émotions, des sentiments, de petites fièvres intérieur… C’est presque ça la vie, des riens dont on peut faire un monde. Essayer une grande respiration, au hasard des coups de vents. Une curiosité, un petit art, un souffle…
C’est une fatigue qui n’a pas du nom, celle qui tient de l’angoisse. L’âme trébuche tout à coup et viennent aux yeux les larmes. Rien qui délivre, qui apaise, qui allège, plus rien qui ne fasse danser… D’un seul instant l’avenir devient du pire en rond. On songe seulement à soi-même, au chaos qui nous mène, à l’erreur de se rencontrer… de rentrer dans le désordre pour toujours ! Comme l’errance d’un écho. C’est toute une humanité en raccourci ! Il y a des malices dans ces tréfonds. Des sortilèges. Parfois on croit tomber dans un moment de grand miracle. On se dit qu’on a sa poésie quand-même, du moment qu’on vit encore… La vie se contredit tellement ! J’ai tous les vertiges d’un bateau au creux de mon âme !