Quand ça se met à pleuvoir les catastrophes, il en est d’inattendues qui vous déchirent. Du ciel intime, on peut s’attendre à tout dans les moments difficiles. Il s’acharne on dirait. Il vous veut pantelant. C’est tout de même un spectacle ! Un vacarme ! C’est tout des mystères qui attendent. Une pâleur, une transparence que le monde tout entier pense voir à travers. Connerie ! Il y a des coins ou la vie se ratatine sans laisser de couleur. Je me croyais plus solide que je n’étais. En fait, ça fait des années que je patauge en pleine déroute. Jamais bon trapéziste. En pleine déroute. Arrive un moment ou ce n’est plus possible de trimballer impunément tout un cimetière sur son dos…

Il faut se le dire, j’ai bien du mal à penser à autre chose qu’à mon destin en sursis. Il y a des jours difficiles ou je ne sais plus si je parle ou si je pleure. Je suis comme un vieux môme, quelque-chose c’est refermé derrière moi et c’est comme si je n’avais pas eu le temps de prendre mes affaires de grande personne. Ca donne des choses lisses, tristes, muettes, désarmés et ça me fait douter des anges…

Un humain c’est vachement autre chose qu’un petit tas de secrets. Bien plus qu’autre chose ! Comme un pays sans frontières, l’horizon qui ne tient qu’aux yeux. C’est un lieu rêvé quand on ne rêve pas encore. Un rêve qui vous mène quand tout dort, quand on est soi-même en songe. Au réveil, ça vous colle à la peau. Tout entier. Ça vous remplit et vous vide tour à tour. Entre l’étale et le jusant. La plénitude et le manque. Comme l’océan, ça file d’un bord à l’autre de lui-même. Un pays qui marche, boiteux parfois, cassé souvent, tanguant mais debout. En avant, levé, dressé à demi, chancelant. Même s’il ne reste qu’à peine le reflet de son ombre : en avant calme et fou !

Promesse, promis, juré que je fais tout mon possible… ! eh bien ! Sans aller jusqu’aux larmes, ça va pas du tout ! Du tout ! Avalé tout cru, tout net. La vie trop âpre sans doute.

Aujourd’hui, retour au bagne, encore ! C’est pas Cayenne, mais c’est loin des vacances. Vol au-dessus d’un nid de corbeau. L’esprit tout englué dans les barbelés, les tortures et la géhenne. Je m’applique pourtant ! Vraiment ! Même avec des idées bien mignonnes, bien positives ! Que je rêve lune, poésies, étoiles, sourires… Que même un avenir parfois j’y songe… mais voilà, je me retrouve toujours collé au poteau ! C’est ma ponctuation personnelle faut croire… même ces mots, ça pisse, ça suinte, ça chiale, ça fume… que ça fait des distractions folles peut-être !

The last night, but not the least…

Retiré du monde courant… Condamné à la rêvasserie… Pesé, piqué, numéroté, sapé en nuage et tutoyé… La taule, ou pas loin ! Je voulais mettre des mots plus doux sur le vécu. Travailler à colorier l’horizon. Je voulais repartir de zéro, rattaquer la vie d’un autre sens… plus à l’enthousiasme, à l’élan, acharné, attentif. Maintenant je suis hésitant sur tout.

J’éponge la vie au fur à mesure qu’elle s’écoule, seconde par seconde. C’est qu’elle a du caractère, elle demande à s’évader. Sortir à flot. Comme on crève une artère. Pas de vivre à regret, à tout petits coups… Des mots plus doux… tu parles ! La lumière de dix-sept heures, qui ne dit rien, mais qui fout l’âme à l’envers. On s’habituerait… presque, hélas ! Mais très mal !

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Pénible de passer son temps à se rafistoler l’âme !
Se persuader de sa force et, dès le lendemain, lâcher prise. Défaillir, dégringoler de partout. La lente et longue chute… Celle qui donne la peur du vide en soi. De la partie équivoque, mystérieuse, inconnue. De celle qui brise. Celle qui fracasse toutes certitudes…
Et chaque jour encore… croire !