La musique il est mort !
L’harmonica… c’est ma frime !
L’accordéon du pauvre !
Elle, belle… comme…
Ventre à terre ! Mon premier écrase mon second !
Les hanches d’un violon. Elle…
Elle… belle sur ses talons…

Quoi ?!

Un oiseau qu’aurait marché dessus ses œufs…
Puis après ???

Au soir...

La vie...
Un Picasso en carton.
L’amour
Dans des verres à grenade.
La vie...
Comme un vieux clope
Au fond d’un cendrier.

Télégramme :

Pense à toi
- Stop -
Impossible crier
- Stop -
On a des frères partout,
Quand on se mouille...
- Stop -
L’avenir,
Ses charades...
- Stop -

La vie… un télégramme…
- Stop -

Une étoile pose à poil Doucement
Les bouteilles se couchent
Dans la fosse commune.
Doucement
La nuit revient,
Avec son couteau de lune
Entre ses dents de chien.
Elle va me le planter dans le dos,
L’ennui.
Le rien.
Le vide.
Alors j’imagine…
Et, en quatre coups de fusain,
J’assassine
Une étoile
Qui pose à poil,
Le cafard qui traîne,
L’habitude du peu
Et sa gangrène.

Bon… de retour alors ?! Et libre ! C’est pas rien ça ! Quoi… si on veut. Seulement, d’un coup, comme ça, moi je ne sais pas trop quoi en foutre de ma liberté. Finalement, l’hésitation, ça revient vite. Vilaine plaie.

Ne rien écrire de plus. Laisser mijoter encore un peu… se cuire.

En attendant ? La rue ! Le rire inépuisable des troupeaux de poivrots allant à l’abreuvoir. C’est toute la musique qui me reste. Et ma soif de vieux loup, au diapason.

Le marrant sort où je suis chu, s’il ne me fait pas barrer définitivement dingue, certain qu’il me fait saigner l’âme. La viande que j’y laisse… faut voir l’hémorragie ! Tout se casse la gueule. Tout est friable. Que même les mots, j’ose plus y toucher. Ne sont plus que plaintes. Bêlements. Cafards. Le verbe drogué à l’élégie… qu’est-ce que tu veux foutre avec ça ? Y’a rien à lire !

La violence, le sang, les viscères, les hurlements, les impatiences, les haines, les rages, les aiguilles, la pisse, la merde, les crachats, le temps, les solitudes, le désespoir, la mort, les suintements, les odeurs, le mensonge, le mépris, les horreurs, la peur, le sang encore… et quoi ? Des pages comme ça si vous voulez ! Là ! Dedans ! Je traverse. Debout. Chancelant parfois, mais debout. C’est toute ma vie que j’ai donnée. Pas un peu, pas à moitié, non, tout ! En plein dedans. Tout le tunnel, sans voir de lumière.

J’en connais des tarés qu’on aurait retrouvés suspendus pendus pour moins que ça. Juste à l’idée de donner un peu, déjà, ils auraient crevé ! D’accord, je baisse mon froc. Je me la compare. D’accord, je suis là, tout con… tout blet… anéantit… ressasseur… Regarde cette page ! D’accord ! Mais je suis toujours là ! Toujours ! Pour lui…

Ça doit pas suffire que de ne plus vivre pour soi. Que de traverser ce gouffre. Non, maintenant, mieux qu’une balle, c’est un mot qui vient essayer d’achever le travail… un mot froid, dur, impénétrable et qui sonne comme des barreaux de prison : clandestin.

Comment dire ? L’usure !

Et puis quoi ? On leur dira… qu’on s’est jamais quittés ?!
C’est juste que… voilà…
Tes perfusions,
Les menottes à mes poignets,
C’est rien ! Sinon mes promesses, sinon nos doutes…
Demain, tout est sur un nouveau chantier.
Et pour le facteur ?
On dira rien…
On a changé d’adresse. Pas de boîte à coeur !
Cher facteur, il faut couper nos lettres en deux…
Et puis qu’ils aillent…

Il y a des jours ou je ne suis qu’un gros morceau d’enthousiasme. Ça fait tâche sous les plafonds de l’hôpital. Z’aiment pas la couleur. Dites… je vais me gêner ! Et je saute si je veux dans les flaques de sang. Pieds joints encore. Tralala ! J’ai le rire… le sourire… c’est pas tout le monde… Même les projets, j’ose ! Vous verrez… j’hésiterai à rien.

Un jour va venir où je pourrai gueuler : mes frères, mes sangs, je suis là ! Les bras grands ouverts qu’on va s’accueillir. S’embrasser. S’accolader. Se perdre les mots. Pleurer… non, tu parles ?! Se retrouver après de tels infinis… ? Pleurer, ouaip ! Et boire, après, pour bien goûter cette émotion de nous. Les projets ? Simples : vous, moi, nos capharnaüms, tout le reste de la vie qu’on va se baiser… et puis c’est marre !

Bon… après… voilà ! Un médecin, deux infirmières, trois nuages. Le vent qui se lève. Crac ! Plomb ! L’enthousiasme, c’est comme l’amour, ça fait du bruit, mais ça dure pas.